ENTRE DARWINISME ET CRÉATIONISME, UNE TROISIÈME VOIE (1/3)

par Lloyd Pye

Les darwinistes, les créationnistes et les partisans du design intelligent sont incapables d’expliquer les anomalies dans l’apparition des plantes, des animaux domestiques et des humains.

LES ABSURDITÉS DU DOGME

En 1905, un employé du bureau des brevets âgé de 25 ans, nommé Einstein, pulvérisa la certitude, vieille de 200 ans, que Isaac Newton savait tout ce qu’il y avait à savoir sur la physique fondamentale. Dans un article technique de seulement quelques pages, Einstein envoya une partie de cette « réalité » dans les poubelles de l’histoire, où elle se trouva en bonne compagnie de milliers d’autres débris, grands et petits. Mais en 1905, le rebut newtonien était à lui seul de taille à remplir la poubelle.

Aujourd’hui, une autre belle « certitude » se trouve suspendue au-dessus de la poubelle et ce n’est qu’une question de temps avant qu’un nouvel Einstein écrive quelques (ou un grand nombre de) pages qui la feront tomber dans les oubliettes de l’histoire. Et, comme en 1905. tous les « experts » du monde se gaussent à l’idée que leurs certitudes puissent être détruites. Cependant si l’on s’en réfère aux faits – ce qui devrait toujours être le cas mais ne l’est souvent pas – la théorie de l’évolution par sélection naturelle de Charles Darwin est vouée à l’extinction.

Notez bien ceci : quiconque met en question l’évolution n’en est pas pour autant un « créationniste ». Les darwinistes adorent coller cette étiquette au dos de tous leurs opposants parce que absurdes. Les créationnistes s’excluent avec entêtement de toute considération sérieuse en refusant d’abandonner certain éléments irrémédiablement fallacieux de leur argumentation, tel que l’interprétation littérale des « six jours de la création ». Bien sûr, quelques-uns ont essayé d’amender cette position, mais ils ne peuvent se faire entendre par-dessus les rodomontades de la majorité.

Un nouveau groupe, bien mieux éduqué que les créationnistes typiques, est entré récemment dans la mêlée. Ce groupe défend une théorie appelée le « Intelligent Design » (création intelligente) qui se prévaut d’une manne de faits scientifiquement établis. Cependant les « IDers » [NDT : en anglais Intelligent Design = ID, d’où IDers.] trahissent leurs origines créationnistes en insistant sur le fait que la vie, au niveau le plus fondamental, est si incroyablement et irréductiblement complexe qu’elle n’aurait jamais pu « apparaître » simplement comme le prétendent les darwinistes.

En fait, le dogme « la vie s’est constituée d’un assemblage de molécules organiques » est tout aussi absurde que cet autre « tout a été créé en six jours », ce que les IDers comprennent et exploitent. Mais ils suggèrent aussi que toute chose doit son existence à Dieu (quelque soit le nom qu’on lui donne) ou par « l’action d’une intervention extérieure », qui est une façon d’annoncer la couleur. « Intervention Extérieure » est un euphémisme transparent pour « Vous Savez Quoi » (avec nos excuses à J.K.Rowling). [NDE : Dans la série « Harry Potter » de Rowling, le méchant emblématique est si terrible et méprisable que son nom ne doit jamais être prononcé, c’est pourquoi on le désigne par « Vous Savez Qui ».

Pareillement, la seule idée que les humains puissent avoir été créés par des extraterrestres est si terrible et méprisable pour la science officielle et pour la religion qu’il est hors de question d’en faire mention ouvertement, c’est pourquoi l’auteur y fait allusion par « Vous Savez Qui ».

Tant pour les darwinistes, que pour les créationnistes et les IDers, la création par l’opération de Vous Savez Qui est la plus absurde de toutes les hypothèses. Et pourtant on peut montrer que Vous Savez Qui dispose en sa faveur du plus large éventail de faits et s’avère finalement avoir le plus de chances de s’avérer exact.

Pratiquement chaque scientifique à la hauteur de son doctorat insistera sur le fait que, d’une manière ou d’une autre, une forme d’évolution est à la base de toute forme de vie et de processus terrestre. Par « évolution » ils comprennent toute la panoplie des interprétations possibles susceptibles d’expliquer comment, sur une très longue période, des organismes simples peuvent se transformer en organismes plus complexes. Cette large définition offre à la science une grande marge de manoeuvre pour rebondir et se frayer un chemin vers la vérité sur l’évolution, qui est ostensiblement le but qu’elle cherche à atteindre. Cependant, le fait de ratisser aussi large implique que personne ne « détient » la vérité, ce qui expose les scientifiques à une suite épuisante de querelles intestines.

En ce qui concerne Darwin, ces querelles étaient initialement étouffées. A tort ou à raison, sa théorie défendait une cause plus élevée que de mettre en question l’attitude de la science à l’égard du processus de la vie. Elle apportait quelque chose dont les scientifiques avaient un urgent besoin : une riposte vigoureuse à la sottise intellectuelle qui dégoulinait de toutes les chaires d’églises, de synagogues et de mosquées du monde.

Bien avant que Charles Darwin soit né, les hommes de science savaient parfaitement que Dieu n’avait pas créé la Terre et tout le reste en six jours, dans le sens littéral de ce nombre. Mais affirmer cela ouvertement provoquait le même type de censure que celle qui aujourd’hui surgit lorsqu’on ose mettre en question ouvertement l’évolution. Un dogme est un dogme, pour toutes les générations.

La lune de miel de Darwin avec ses pairs en science fut relativement brève. Elle ne dura que le temps qu’il leur fallut pour comprendre que ce qu’il leur avait offert n’était autre que la lisière d’une forêt d’idées, laquelle semblait rendre compte en termes très large de l’étourdissante variété de la vie. Sa forêt renfermait un nombre appréciable d’arbres non vérifiables. Nonobstant cela, une fois que fut cristallisé le concept global de la « sélection naturelle », l’expression « survie du plus apte » fut consacrée en guise d’explication pour le profane. Une fois le public convaincu dans sa majorité que l’évolution constituait une alternative légitime au créationnisme, la science retira ses gants. La lutte intestine se répandit concernant les arbres qui formaient la forêt de Darwin.

Au fil du temps les scientifiques départagèrent cette forêt d’origine en un nombre d’arbres différents qui dépassait tout ce que Darwin aurait jamais pu imaginer. Ce partage fut large et profond et provoqua l’abattage, par les scientifiques eux-mêmes, d’un nombre incalculable d’arbres. Mais malgré ce grand éclaircissement la forêt demeure debout et intacte. D’une manière ou d’une autre, une force entièrement naturelle est en action, qui gouverne tous les aspects du flux et des changements de la vie sur Terre. Tel est le mantra scientifique qui est psalmodié religieusement pour conjurer le questionnement des créationnistes – et aujourd’hui les IDers – à propos de l’un ou plusieurs arbres pourris qui commencent à devenir incontournables.

Darwin lui-même se rendait compte que les données de son époque n’apportaient pas de preuve claire et irréfutable à sa théorie. Particulièrement dérangeante était l’absence « d’espèces de transition » dans le répertoire des fossiles. L’existence de celles-ci était nécessaire pour prouver que, sur de longues périodes, des espèces se transformaient effectivement en espèces de niveau « supérieur ».

Ainsi, dès le départ, la théorie de l’évolution se trouvait sur la défensive par rapport à une de ses pierres angulaires, et plus de 140 ans plus tard il n’y a toujours pas. dans le répertoire, de fossile définissable clairement comme espèce de transition.

Ceci étant le point le plus vulnérable de la théorie de Darwin, les créationnistes s’y acharnent avec persévérance ; ce qui périodiquement pousse les scientifiques à présenter de nouvelles séries de fossiles, témoins à décharge, espérant ainsi noyer le poisson. Malheureusement pour eux, dans chaque cas ces « chaînons manquants » se sont avérés n’avoir été qu’inventions et supercheries. On trouve un excellent exposé de ceci dans Icons of Evolution de Jonathan Wells (Regnery, 2000). Mais les scientifiques ne sont même pas dissuadés par la dénonciation de leurs manigances, ils se sentent justifiés parce que, disent-ils, ils n’ont pas disposé d’assez de temps pour découvrir ce dont ils ont besoin au sein d’une collection de fossiles largement incomplète.

En vérité, de longues périodes de temps ne sont pas illustrées par des fossiles, alors que d’autres le sont amplement. Et ces derniers ont été étudiés à fond depuis 140 ans, sans résultats. Dans tout autre domaine, un cheminement de 140 ans conduisant à une impasse aurait été reconnu comme une fausse piste. Mais pas pour les scientifiques. Ils poursuivent joyeusement dans le même sens, convaincus de la justesse absolue de leur mission et confiants à l’idée que le fabuleux chaînon manquant fasse son apparition sous !a prochaine pierre retournée. Tôt ou tard, pensent-ils, un confrère le trouvera ; ainsi travaillent-ils tous en harmonie, de concert vers ce but commun. Cependant individuellement, homme ou femme, c’est chacun pour soi.

TWEEDLEDUM ET TWEEDLEDEE

[NDT : intraduisible; il s’agit de jumeaux bouffons qui apparaissent dans « A Travers le Miroir », suite de « Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll].

Les plantes et les animaux évoluent, dites-vous ? Bien, et comment évoluent-ils ?

Par des changements constants et progressifs, influencés par des pressions adaptatives de l’environnement qui incitent la persistance des modifications physiques lorsqu’elles sont avantageuses.

Pouvez-vous préciser le type de changement graduel auquel vous faites allusion ?

Avec le temps, dans toute population de plantes ou d’animaux, se produiront des mutations génétiques. La plupart seront défavorables, certaines seront sans effet et d’autres conféreront un avantage sélectif, même si celui-ci est minime ou apparemment sans conséquence.

Vraiment ? Mais la population globale n’aurait-elle pas un patrimoine génétique assez vaste pour absorber et diluer un changement, même important ? Est-ce qu’un changement de faible importance ne disparaîtrait pas rapidement ?

Sans doute que oui, mais pas dans un groupe isolé de la population globale. Un tel groupe aurait un patrimoine génétique moins profond, ce qui offrirait plus de chances à une mutation positive de s’y installer de manière permanente.

Vraiment ! Et si, après que cette mutation se fût installée dans un groupe isolé, le groupe se retrouvait en contact avec la masse de la population ? Pouf ! La mutation serait absorbée et disparaîtrait.

Oui, peut-être. Aussi faut-il nous assurer que le groupe isolé n’ait pu rentrer en contact avec la masse tant qu’un métissage ait été possible.

Et comment pouvez-vous être assuré de cela?

Il suffit qu’ils aient été séparés par un obstacle, une chaîne de montagne, quelque chose d’infranchissable.

Si c’est infranchissable, comment le groupe aurait-il pu s’isoler au départ ?

Si vous me demandez exactement ce que j’entends par isolement, à mon tour je vous demande : de quel genre de mutation qui puisse être absorbée parlez-vous ?

Des changements minimes, aléatoires, chez des couples de base au niveau des gènes.

Vraiment ! Et pourquoi pas au niveau des chromosomes ? Un changement au niveau du couple de base ne serait-il pas trop minime pour entraîner une modification significative ? Ne faudrait-il pas, pour qu’elle subsiste, qu’une mutation se produise aussi au niveau des chromosomes ?

Qui sait ? Un changement à ce niveau-là serait sans doute trop fort, quelque chose que l’organisme ne pourrait tolérer.

Peut-être que nous attachons trop d’importance aux mutations !.

D’accord ! Et les pressions de l’environnement ? Qu’arriverait-il si une espèce se trouvait soudain contrainte de survivre dans un environnement modifié ?

Une situation où les membres du groupe doivent s’adapter ou disparaître ?

Exactement ! Comment s’adapteraient-ils ? Pourraient-ils s’imposer le développement d’une fourrure plus épaisse, de muscles plus puissants ou d’augmenter leur taille ?

Là, il semblerait que des mutations doivent intervenir.

Ah ! Des mutations ? Bon, et comment interviennent-elles ?

Ce petit jeu d’escrime intellectuelle se poursuit constamment à des niveaux de détails, à en confondre le cerveau moyen. A chaque coup, les néo-darwiniens marquent un point sur les darwiniens traditionnels. Les évolutionnistes quantiques remodèlent le travail de ceux qui défendent la théorie des groupes isolés périphériques. Les mathématiciens modélisent des taux de mutations et des forces sélectives qui ne convainquent pas les biologistes. Les généticiens n’ont que faire des paléontologues et ceux-ci leur rendent la pareille à la pelle (calembour intentionnel). La cytogénétique s’efforce de se faire une niche aux côtés de la génétique proprement dite. Les généticiens de populations utilisent des modèles mathématiques qui mettent au défi les paléontologues et les systémistes. Les sociobiologistes et les psychologues évolutionnistes cherchent à faire valoir leurs idées. Tous exécutent une danse élégante d’exquise symétrie.

Ironiquement, leur danse s’inscrit en long et en large au travers du processus scientifique. De nouvelles bribes de données sont fournies à un groupe de pairs. Elles sont discutées, produisent des écrits, sont critiquées, réécrites, et re-critiquées. C’est le grignotage, on met en forme, on reforme encore et encore tant que nécessaire jusqu’à ce que les nouvelles données s’intègrent confortablement dans le paradigme existant, quelque soit le domaine. C’est ce qu’il faut pour qu’elles entrent le mieux possible en conformité avec le mode de pensée actuel de chaque scientifique concerné. A s’y prendre de toute autre façon, on s’expose au rejet immédiat sous un feu nourri de cinglante critique.

C’est par ce système exécrable d’évaluation collégiale que les penseurs indépendants parmi les scientifiques ont toujours été gardés dans le droit chemin. Darwin était un outsider qui se fraya un passage dans le club par son irrésistible éclat. L’employé des brevets Einstein fit de même. Par contre, Alfred Wegener fut le météorologiste allemand qui, en 1915, élabora la tectonique des plaques. Comme il osa blesser l’ego des « autorités » extérieures à son propre champ de recherche, sa brillante découverte fut enterrée pendant 50 ans sous une couche de critiques acerbes. Chaque scientifique engagé sait comment il convient déjouer à ce jeu et il s’en trouve très peu qui prennent le risque d’en discuter les règles.

Les restrictions imposées aux scientifiques sont sévères, mais il y a une bonne raison. Ils travaillent aux avant-postes de la connaissance d’où la vue peut être troublante, voire, terrifiante. Ceux qui étudient les processus de la vie sur Terre doivent s’accommoder du fait qu’un nombre surprenant d’espèces ne semblent avoir aucune raison de se trouver sur la planète. Et pourtant elles y sont, pour le meilleur et pour le pire, et les cas dérangeants doivent être dissimulés au grand public. Mais peu importe qu’un grand nombre de faits soient déformés, que des données soient cachées ou de réalités rejetées, la vérité s’imposera.  (A suivre…)

Source : Nexus N°22 – 09.10.2003

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