L’INDIVIDU

par Marcel Renoulet

L’individu est la seule réalité qui soit digne d’intérêt, en faveur de laquelle tout absolument tout, doit être subordonné.

Le premier élément du problème social, est l’individu considéré comme une entité ayant son existence et ses besoins propres.

Nous employons le mot individualisme, que peu de gens comprennent, et que la plupart dénaturent , plus ou moins loyalement. Il correspond à un point de vue à un idéal de rénovation sociale.

Le but de nos efforts, si divergents et même parfois si incohérents, n’est-il pas … le bonheur véritable de l’individu ?
Tout le reste n’est trop souvent, que chimère et illusion – quand ce n’est pas mensonge et duperie !

L’individu est la base de la Société. Celle-ci ne pourrait exister sans lui. Les hommes isolés se sont associés pour former des groupes sociaux. Ils l’ont fait pour être plus forts, pour vivre mieux. Dès l’instant où la société, au lieu de les aider, les exploite ou les opprime, elle trahit sa mission et il est alors normal que l’individu la combatte.

Sans les individus, toutes les structures, l’économie, la nation, l’État, l’autorité, etc… n’existeraient pas. Toutes ces institutions n’ont donc aucune signification en elles-mêmes et n’ont d’autres justification à l’existence que par les avantages qu’elles doivent procurer aux personnes humaines.

Quand ces avantages deviennent, avec l’évolution sociale, des inconvénients, les institutions doivent être modifiées, remplacées ou anéanties.

Qui peut nier que la Société actuelle, avec sa tyrannie économique, politique et morale, entièrement fondée sur le pouvoir de l’Argent, ne soit pas l’adversaire irréductible et implacable de la liberté et du bonheur des personnes pauvres ?

Une telle Société ne peut manquer d’enseigner, et même d’imposer, des principes moraux spécialement conçus pour sanctionner et soutenir les institutions asservisseuses qui maintiennent les faibles et les opprimés sous le joug de leurs maîtres.

Seule une morale individualiste, fondée sur la justice et la raison peut remplir dans tous les domaines, cette mission véritablement émancipatrice.

Les politiciens au pouvoir font promulguer des lois qui leurs conviennent pour affirmer leurs contrôles et éliminer légalement leurs adversaires. « Tout ce qui n’est pas défendu par la loi est permis » proclament nos censeurs officiels. Les lois étant faites et appliquées par eux, notre liberté est donc entièrement limitée et dirigée par eux. L’individu n’est asservi que parce qu’il a perdu la notion de ce qu’il vaut, de ce qu’ il peut, de ce qu’il est.

Nous laissons chacun face à face avec lui- même, avec sa conscience, estimant qu’il n’appartenait qu’à lui seul de conclure, donc de choisir et de tracer sa propre voie. Crois en toi, en ton moi.

Crois que tu vaux mieux que cette infirmité où toutes les doctrines de l’homme t’ont confiné jusqu’ici, pour les besoins d’avoir pouvoir sur toi, à ce principe, nous opposons le nôtre : tout ce qui n’est pas contraire aux droits légitimes d’autrui et à l’harmonie de la Société est normal et bienfaisant ».

Pour l’homme, sa seule et dernière chance: c’est la victoire de l’homme sur lui-même ; sans cette libération profonde de soi-même d’abord, tout sera illusoire et nous pouvons concevoir alors un proche anéantissement final.

Nulle part l’individu ne trouve plus de tranquillité qu’en lui-même, surtout s’il possède, en son for intérieur, ces notions sur lesquelles il lui suffit de se pencher pour pouvoir acquérir une quiétude et un ordre parfaits. Guidés par notre propre intuition et notre sensibilité, nous poursuivrons notre chemin contre vents et marées.

Source : Revue L’Homme Libre N° 188 – Année 2006

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